Corine & Habibi Sly
Ces deux-là se sont rencontrés par l’intermédiaire de Dorion Fiszel qui avait oeuvré au 1er album de Corine : « une évidence, un crush musical bien au-delà des mots ». Lui c’est Habibi Sly, pianiste aux doigts aguerris, croisement généreux entre le sérieux du Conservatoire classique et l’amour de la musique orientale transmis par son père, le contrebassiste de renommée internationale François Rabbath.
Elle c’est Corine, chanteuse sensible à la disco consciente et flamboyante, grandie elle aussi au son du jazz et du saxophone virtuose de son frère Raphaël Imbert. Ce qui les unit tous les deux ? « Un lien viscéral à la musique, le désir permanent de jouer». Depuis, ils ne sont plus quittés et ont accumulé les heures en studio, les dates de tournée et les aftershows enfiévrés. L’idée ici c’est un dialogue renouvelé, une transe jouissive et décomplexée, une passerelle bienfaitrice entre l’Orient et l’Occident.
Ode au chanter et au danser ensemble à l’heure où tout n’est qu’oppositions et divisions. Leur envie profonde, c’est d’unir leurs forces et de transmettre, de produire « un terreau musical fertile ». Des énergies et des sentiments dans toutes leur diversité et leur richesse. Comme le sont ces deux voix venues d’ailleurs. Celle de Lynn Adib tout d’abord, chanteuse jazz que Sly croise un jour au sein de L’Orchestre symphonique de Damas.
Sa voix touche au coeur dès les premières mesures de Echoes of Tomorrow rapidement rejointe par celle de Corine pour une fusion sacrée, réponse naturelle et implacable à tous ceux qui voudraient opposer Orient et Occident. Un titre qui « regarde le monde bien au fond des yeux pour mieux rêver celui d’après ». Hareth Mehdi enfonce le clou. Cet artiste syrien orne de sa voix gutturale et de son houd groovy le titre Orient Express, balade sensuelle aux accents trip-hop. La mise en abîme d’une rencontre aussi évidente qu’imprévisible avec Corine, « une de ces rencontres dont on n’ose même pas rêver ».
Et si le voyage c’est la santé, c’est icisurtout l’altérité. Un album aux yeux grands ouverts sur le monde, un « road movie qui ne dit pas son nom » et qui continue avec Liberta, hommage assumé à la chanteuse d’italo-disco Rafaela Cara comme à Georgio Moroder. Un hymne féministe toutes basses dehors, invitation faite à toutes les femmes à « se tenir hautes et dignes » sur les dancefloors et partout ailleurs. Corine s’offre ensuite un exercice « dalidesque « inédit et chante L’amour universel dans une veine qu’on ne lui connaissait pas. Cet album ne serait sans doute pas ce qu’il est sans l’apport précieux de deux compères de toujours, Aurélien Fradagrada (à la co-composition) et de Yann Blakesley (à l’écriture des textes anglophones comme son nom pourrait le suggérer et autres mélodies occidentales).
Et s’il faut se dire au revoir, ce sera donc avec Goodbye, chant de résilience lancé telle une bouée face au naufrage annoncé. Un au revoir tout ce qu’il y a de plus provisoire tant on a hâte de retrouver tout ce petit monde sur scène pour une transe promise et libératrice.
Vivement tomorrow !